En ce début d’année, nous formulons tous nos meilleurs vœux pour notre entourage. En a-t-il toujours été ainsi? Certes oui. Mais tous les vœux n’étaient pas toujours aussi bons, et si notre époque a quelque peu perdu la charmante habitude de proférer des malédictions, les civilisations antiques ne s’en privaient guère.
La malédiction avait généralement pour but d’attirer, sur celui qu’elle visait, la colère des dieux ou des esprits des défunts. En Egypte, la magie est omniprésente et le nombre d’amulettes qui accompagnent les momies en témoigne.
Le but des malédictions n’est rien de moins que la mort d’une personne ou (presque pire), qu’elle meure sans bénéficier des rituels nécessaires aux funérailles.
Il suffit de lire les inscriptions à l’entrée des tombes, qui pouvaient décourager quiconque d’y pénétrer. « La mort abattra de ses ailes quiconque dérangera le repos du pharaon ». Le mort menace même d’intervenir lui-même : si quelqu’un profane sa tombe, il lui tordra le cou, « exterminera ceux qui lui ont survécu, et veillera à ce que leurs fermes périclitent ».

Tablette de défixion en grec dorique, Sicile, 5e siècle av.J.-C.
Dans le monde gréco-romain, les tablettes de défixion (defixio en latin, katadesmos – katádesmos – en grec), appelées aussi tablettes d’éxécration ou tablettes d’envoûtement, sont des feuilles de plomb roulées, pliées ou clouées, qui portent des inscriptions et signes supposés envoûter la personne dont le nom est inscrit, en lui promettant de dures épreuves.
Les victimes sont généralement des voleurs, des adversaires (dans un procès notamment), des rivaux en matière d’affaires commerciales… ou amoureuses, et parfois des gladiateurs ou conducteurs de chars contre lesquels on a parié.
« Celui qui a volé ma coupe de bronze est maudit (…). Que l’homme qui a fait cela verse son propre sang dans la coupe… » ou « je lie Théagène, sa langue et son âme et les paroles dont il se sert (…). Je lie aussi la langue de Phéréklès, son âme et le témoignage qu’il porte en faveur de Théagène (…). Au tribunal et devant le juge, quand ils agissent contre moi, qu’ils ne puissent pas comparaître du tout, ni en paroles ni en actes« .
Voilà des cartes de vœux dont on se passera sans mal. Soyez tranquilles: les miens, pour vous, sont les meilleurs !
René Kauffmann