Ressources pédagogiques sur l'archéologie méditerranéenne
   


A quoi ressemblait la musique de la Grèce Antique ?



Ah, la Grèce, ses temples, ses statues, ses musées… Si un touriste pressé s’en tenait là, même sans s’être penché davantage sur l’histoire de la démocratie athénienne, de ses philosophes, de ses savants et de ses grands auteurs, il aurait tôt fait de se poser la question : mais à quoi ressemblait la musique que jouent les innombrables personnages, peints sur les vases, sculptés en bas-relief ou statufiés, qui tiennent à la main des instruments étranges ? Orphée et sa cithare, Pan et sa flûte, Apollon et sa lyre, en statues ou en légendes : la musique est partout.

Des instruments de musique, abondamment représentés sur les vases, les fresques, les sculptures, on peut se faire une idée assez précise. Encore faut-il considérer que l’histoire de la Grèce s’étale sur une longue période, et les musiciens des statuettes cycladiques (ci-contre, 2700-2500 av.J.-C.) n’ont sans doute qu’un lointain rapport avec les musiciens de l’époque classique ou romaine. Quelques trouvailles archéologiques, assez rares compte tenu de la fragilité des matériaux, sont venues compléter - et parfois corriger - cette connaissance. Indirectement, des citations et commentaires sur les tragédies, les comédies, la poésie et différents textes de littérature apportent également des éléments précieux.
Encore fallait-il disposer de partitions, et c’est là le point le plus délicat. Au total, on n’a retrouvé qu’une soixantaine de documents musicaux, et certains sont très fragmentaires, déchirés, troués, rédigés sur de fragiles papyrus. Les quelques textes gravés sur des stèles de pierre, plus complets, ont d’autant plus d’intérêt.

On a vite compris que les petits signes inscrits au-dessus des lignes de ces textes devaient correspondre à une notation musicale. Mais comment transcrire ces "partitions" sur la portée à cinq lignes que nous utilisons aujourd’hui, avec les barres de mesure, les notes, les silences et tous les autres symboles qui nous semblent si familiers ?

Heureusement, les théories musicales élaborées par les Grecs nous sont bien connues, ce qui peut paraître surprenant. Et pourtant, nous disposons de documents entiers sur ce sujet et l’on sait que Pythagore et Claude Ptolémée avaient conçu des instruments à cordes dans le seul but d’étudier les sons, les intervalles musicaux et les règles physiques de l’harmonie.

En ce qui concerne les théories et notations musicales, on se reportera aux travaux d’Aristoxène de Tarente, d’Aristote ou de Nicomaque de Gérase qui ont été abondamment retranscrits et publiés, et restent tous disponibles aujourd’hui. Mais malgré tout, la notation reste très complexe, d’autant qu’elle est différente selon que l’on rédige un texte chanté ou destiné à un instrument. Au total, ce sont près de 1070 signes différents, placés au-dessus des syllabes des paroles, qui indiquent la manière dont la musique doit être jouée.

Si ces théories permettent de connaître assez bien les "suites de notes" qui constituent une mélodie, la restitution du rythme, de la mesure (les différentes durées des notes et des silences) et du tempo (vitesse à laquelle la musique était jouée) est plus compliquée, et de nombreux chercheurs s’y sont consacrés. Et heureusement, certains d’entre eux se sont efforcés de reconstituer à la fois les instruments et les mélodies anciennes et les jouent aujourd’hui. Bien entendu, certains interprètes, moins scientifiques ou simplement plus vulgarisateurs, ont sacrifié la vérité historique à la satisfaction de nos oreilles modernes, mais après tout, nos grands musiciens classiques ont eux aussi été adaptés à notre époque, parfois non sans succès. Du moins pouvons-nous avoir ainsi une idée assez juste des quelques mélodies antiques connues.

Voulez-vous en savoir plus et les écouter ?

De nombreux publications, mais aussi des enregistrements et – merci internet – des séquences filmées, sont désormais facilement accessibles. Nous vous en proposons ci-après un choix qui devrait éveiller votre curiosité… Car le nombre de partitions disponibles étant limité, les plus complètes ont été prises et reprises par tous les musiciens-chercheurs : comparer les interprétations qu’ils en ont tirées n’est donc pas sans intérêt !

Plusieurs ensemble se produisent en concerts et ont publié des enregistrements. En France, c’est l’ensemble Kerylos, dirigé par Annie Bélis, éminente spécialiste française de la musique antique.

L’Atrium Musicae de Madrid est également bien connu, ainsi que le groupe Terpandros et le prolifique ensemble grec Melos Archaion de Petros Tabouris. On en identifiera d’autres comme, LyrAvlos, De Organographia, etc. Nous en citons l’essentiel dans notre dossier, en indiquant des liens permettant d’écouter tout ou partie de ces enregistrements sur internet.

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