L’Egypte antique pratiqua longtemps le troc des marchandises. Pour les transactions courantes, les marchandises et les salaires étaient évalués en sacs de céréales, voire en mesures de bière, en pains ou en vêtements, en séniou d'argent ou en dében de cuivre (deux mesures de poids) qui, non périssables, pouvaient être thésaurisés, empruntés, etc. Dans ce contexte, un outil usagé en cuivre valait toujours son poids de métal.
Mais si cela pouvait satisfaire aux échanges de la vie courante, cela ne pouvait suffire à une administration centralisée et qui exige des comptabilités précises des récoltes, des impôts, etc. Il faut croire que les solutions adoptées était très efficaces, puisqu’elle n’amena pas les Egyptiens à inventer de vraies monnaies - et même lorsque celles-ci firent leur apparition, ils ne s’empressèrent pas de les adopter.

Les échanges dans l’Egypte Pharaonique

Les Égyptiens ont sans doute utilisé, dès l'Ancien Empire, un système définissant la valeur des marchandises par rapport à celle de l’or. A partir de la XIXème dynastie (au Nouvel Empire), c’est plutôt l’argent qui devient la norme, probablement parce qu’il était plus en accord avec les pratiques commerciales au Proche Orient.
Ceci nécessitait de gérer un système d’unité de poids pour chiffrer la quantité de métal qui constitue la norme. Dès l'Ancien Empire, les Egyptiens emploient une unité appelée "chât". Il semble que le chât soit abandonné au Nouvel Empire au profit d'une nouvelle unité, le deben.
Et pourtant, même si l’on déclarait que tel produit vaut tel poids d’argent, les Egyptiens répugnaient apparemment à matérialiser ce poids de métal par une masse palpable. On évoque parfois des anneaux de cuivre ou d’argent qui auraient constitué des monnaies d’échange, mais même si l’extraction de l’or et de l’argent devaient être payés, le métal en lui-même avait une signification spirituelle - l'or était la chair des dieux, et l’argent leurs os - qui interdisait peut-être son emploi pour des fins mercantiles. On a émis aussi d’autres explications, comme la crainte des fraudes…
Ce système fonctionne pendant des siècles. On cite le cas d’un peintre de Deir el Médina qui reçoit en salaire "Un vêtement tissé d’une valeur de 3 séniou, un sac d’une valeur d’un demi-sac de céréales, une natte avec couverture, soit un demi- séniou et un vase de bronze valant un autre demi-séniou".

Les premières tentatives

Il faut attendre que l’Egypte, sur la fin de son Histoire, subisse deux périodes de domination Perse, la première de 525 et 404 av. J.C. et la seconde de 340 à 322, date de l’arrivée d’Alexandre le Grand

D’une part, les Perses connaissaient et utilisaient des monnaies, et les gouverneurs (Satrapes) avaient le pouvoir de frapper des monnaies d’argent (l’or étant l’apanage du Grand Roi).
D’autre part, à l’aube de la seconde invasion perse, les Grecs sont très affaiblis. Ils ont dû conclure avec les Perses la paix dite d'Antalkidas (386), et l’Egypte de la XXXème dynastie est consciente de la menace d’un retour des Perses. Les pharaons Takhos et Nectanébo II ne peuvent que faire appel à des grecs mercenaires qui, eux, ont l’habitude d’être payés en argent comptant. On voit alors apparaître des pièces imitant le monnayage grec et des monnaies d'or dites « nb nfr » assez rustiques, inspirées des monnaies perses, mais dont l’usage restera limité.

Monnaies macédoniennes et ptolémaïques

Lorsque Alexandre le Grand entre en Egypte en 332 av. J.C., il apporte avec lui le monnayage macédonien. Les pièces à son effigie deviennent pratiquement une monnaie universelle. A sa mort, Ptolémée Ier qui hérite de l’Egypte, fait de la monnaie Egyptienne un monopole royal, et la seule autorisée à circuler en Egypte. Il perpétue la pratique du monnayage en or et en argent introduite par Alexandre, et ses successeurs feront de même (généralement le roi sur une face de la monnaie, une image de Zeus et d’un aigle sur l’autre). Cette période s'achève avec le règne de Cléopâtre en 30 av. J.C.

Le monnayage Romain

Le nouveau maître de l’Égypte, Auguste, poursuit la politique de fermeture : la monnaie est frappée par le préfet d’Égypte, sur les ordres de Rome. Puis, en 294 après J.C., l’empereur Dioclétien opère une réforme monétaire qui introduit une monnaie commune à l’empire et ouvre à Alexandrie un atelier monétaire semblable aux autres. On trouve alors en Egypte, comme ailleurs, des pièces à l’effigie de Trajan, d’Hadrien, etc.

Tétradrachme, 246-245 av. J.C., argent, diamètre 26,5 mm.	Ptolémée II Philadelphe (285-246 avant J.-C.) Ptolémée II succéda à son père en 283 av. J.C. mais il était déjà associé aux affaires avant cette date. Marié en 288 av. J.C. à Arsinoé, la fille de Lysimaque, il épousa en secondes noces sa sœur, Arsinoé II. Fille de Ptolémée Ier et de Bérénice, elle avait épousé successivement Lysimaque, puis Ptolémée Ceraunos, son demi-frère, et fut divinisée, identifiée à la déesse Hathor, quand elle mourut en 271 av. J.C. Ptolémée fit émettre un important monnayage de restitution pour rappeler sa mémoire. Pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie, Ptolémée II fit terminer le Phare. Document CGB, www.cgb.fr
Tétradrachme, vers 160 av. J.C., argent, diamètre 27,5 mm.	Ptolémée VI Philométor (180-145 av. J.-C.) Dans le monnayage lagide le portrait de Ptolémée Ier Soter sera réutilisé pendant près de trois siècles, figé pour l'éternité. Les portraits de Ptolémée sont réalistes. Ce tétradrachme, sans monogramme ni symbole est difficile à attribuer. C’est grâce au style du portrait que nous pouvons restituer cette pièce à Ptolémée VI. Ptolémée VI était le fils aîné de Ptolémée V et de Cléopâtre Ire. La régence de sa mère dura jusqu'en 176 av. J.C. Il régna conjointement avec son frère Ptolémée VIII de 170 à 164 av. J.C. Il épousa sa sœur Cléopâtre II dont il eut deux filles et Ptolémée VII. Il mourut des suites de ses blessures en combattant Alexandre Ier Balas. Document CGB, www.cgb.fr
Tétradrachme, 116-107 av. J.C, argent, diamètre 24 mm.	Ptolémée IX Soter II et Cléopâtre III Ptolémée IX, né en 141 av. J.C., est le fils aîné de Ptolémée VIII Evergète (145-116 av. J.C.) et de Cléopâtre III. Il succède à son père en 116 av. J.C. Il nomma son frère cadet, Ptolémée X Alexandre Ier, gouverneur de Chypre en 113 av. J.C. En 106 avant J.-C., il fut renversé par son frère et prit sa place à Chypre. Ptolémée X régna avec sa mère jusqu'au décès de cette dernière. Finalement après un règne de dix-huit ans, il fut chassé par les Alexandrins et assassiné en mer en 88 av. J.C. Ptolémée IX Soter II reprit alors possession de son trône pour les huit dernières années de sa vie. Document CGB, www.cgb.fr
Tétradrachme, 20 av. J.C., argent, diamètre 23,5 mm.	Cléopâtre VII et Ptolémée Césarion (51-30 avant J.-C.) Sur ce tétradrachme, Cléopâtre VII est associée à son fils, Ptolémée XV (44-31 av. J.C.), plus connu sous le nom de Césarion. Sur les dernières émissions de Cléopâtre, les portraits sont très stylisés et ne portent pas l'effigie de la reine d'Égypte. Document CGB, www.cgb.fr
Tétradrachme – an 45-46, billon, diamètre 23 mm.	Claude et Messaline, Britannicus et Octavie L'Égypte, qui constituait un monde fermé, était une province qui appartenait à l'empereur, gouvernée par un préfet (ordre équestre). Le monnayage d'Alexandrie ne circulait qu'en Égypte. Un tétradrachme de billon d'Alexandrie correspondait à un denier d'argent romain jusqu'à la réforme tétrarchique de 294. La drachme valait six oboles et on avait des tétradrachmes de billon, des drachmes, hémidrachmes, dioboles, oboles et hémioboles de bronze. L'année égyptienne commençait au mois d'août (le 29). Au revers serait représentée Messaline, la troisième épouse de Claude et la mère de Britannicus et d'Octavie. En réalité, nous pourrions avoir une représentation de Déméter, déesse des moissons. Le blé était la principale richesse de l'Égypte qui était l'une des sources d'approvisionnement de l'Annone. Document CGB, www.cgb.fr