Les mondes antiques:  

Les cartes de la Méditerranée antique

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L'APULIE
Du point de vue de l'archéologie, l'Apulie est un monde complexe : cette aire géographique recouvre des civilisations dont les objets qui sont parvenus jusqu'à nous présentent des formes radicalement différentes tout en étant relativement contemporains. Qu'y a-t-il de commun entre une poterie daunienne d'inspiration résolument néolithique, les satuettes de Canosa proches des terres cuites hellénistiques, des poteries vernissées qu'il est parfois difficile de distinguer de la production athénienne, mais qui possèdent aussi parfois des caractéristiques purement régionales ou apparentées à la production campanienne ou sicilienne de Grande-Grèce ?

Essayons de faire le tri. Tout d'abord, en considérant l'immigration des populations Iapyges, qui a précédé de quelques siècles la grande période de colonisation grecque.
Mais contrairement à ce qui se passe en Sicile par exemple, on ne peut guère parler de colonisation grecque en Apulie, à quelques rares exceptions près, comme Tarente. En effet, les colons grecs ont rencontré en Sicile ou en Italie occidentale des peuples qui ont certes assimilé partiellement des éléments de la civilisation mycénienne, mais qui se sont ensuite isolés dans l'intérieur des terres pendant les "années obscures" (1100 à 800 av. J.C.). Au contraire, en Apulie, les Grecs rencontrent des peuples organisés avec leurs villes et leur structure propre.

Du point de vue politique, les rapports entre les colons et les indigènes furent difficiles, souvent même conflictuels. Ainsi en 473 av. J.-C., Tarente et son allié Rhégion subirent une écrasante défaite infligée par les Messapiens alliés aux Peucètes. Du point de vue culturel en revanche, cet antagonisme n'empêchera pas la culture hellénique de circuler et de pénétrer profondément en Apulie

LES IAPYGES

Vers 1300 av. J.C., une population Illyrienne, à laquelle se seraient peut-être joints des réfugiés des cités mycéniennes ruinées, atteint le sud de l'Italie. Elle s'y mêle probablement avec les autochtones nommés Ausones ou Osci. Cette culture dite "Iapyge" vivra en Italie du Sud entre le VIIème et le IIIème siècle av. J.-C., date de la conquête romaine. Vers 700 av.J.C., elle donne naissance à trois populations : les Dauniens au nord, les Peucétiens (parfois appelés Peuces ou Peucètes) au centre et les Messapiens au sud.

La grande quantité de vases en terre cuite trouvés dans les tombes sont les principales traces matérielles de ces peuples dépourvus de littérature. Il faut attendre le géographe grec Strabon (sous l'empereur Auguste) pour apprendre leur dénomination commune de Iapyges. Leur pays, Iapudia, deviendra Apulia, l'actuelle Puglia, soit les Pouilles en français. Pasteurs et guerriers, les Iapyges étaient organisés en une société de type seigneurial vivant dans des sites fortifiés aussi bien sur la côte, que dans les plaines alluviales et sur les collines.

L'INFLUENCE GRECQUE

Alors que la colonisation a fait son oeuvre ailleurs et que des villes comme Tarente, Syracuse ou Poseidonia sont totalement helleniques, c'est surtout vers la fin du Vème siècle que l'influence culturelle grecque pénètre en Apulie. A cette époque en effet, Athènes, principal exportateur de céramique, s’effondre suite à la guerre du Péloponnèse. Les artistes athéniens "s’exilent" alors en Italie et montent des ateliers. En Apulie, cette influence se limite essentiellement à la production artistique: on n'y trouvera ni les grands sites archéologiques ni les temples qui symbolisent ailleurs le rayonnement culturel grec. C'est donc essentiellement dans la poterie et la céramique que les influences et les particularismes régionaux se révéleront...