Les mondes antiques:  

Les cartes de la Méditerranée antique

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LES ETRUSQUES

 
Les origines

Les Romains les appelaient « Etrusci », les Grecs « Tyrrhenoi » (tyrrhéniens) eux-mêmes s'appelaient « Rasenna », et leurs origines sont controversées depuis l’Antiquité, d’autant que leur langue reste très mystérieuse. Hérodote estimait qu’il s’agissait de Lydiens qui auraient fui la famine et, guidés par Tyrrhénos, fils du roi de Lydie, auraient pris le nom de Tyrrhéniens. Des indices récents semblent justifier cette théorie. Quoi qu’il en soit, on peut estimer que la civilisation étrusque est née de la rencontre entre la culture autochtone villanovienne et les arrivants, lydiens d’abord peut-être, grecs ensuite certainement.

La civilisation proto-Villanovienne, puis Villanovienne (nommée d’après le site Villanova près de Bologne) se développe dès le XIIème siècle, passant du néolithique au travail des métaux, notamment celui du fer. Ses nécropoles ont livré différents objets usuels et quelques céramiques. Son étendue dessine sensiblement l’espace de la future Étrurie.
Dès le VIIIème siècle, elle est en contact avec le monde grec naissant. Son art lui donne l’image d’un peuple pacifique cultivant le bonheur, mais sa puissance s’appuie bel et bien sur une armée puissante, conçue selon le modèle grec.

Le modèle grec

Au VIIème siècle, cette influence s’amplifie par l’intermédiaire des marchands grecs et des colons installés en Grande-Grèce. Les Etrusques produisent alors des céréales et du vin, mais aussi des objets raffinés. Une construction navale dynamique favorise le commerce. Ils disposent de mines de plomb argentifère, d’étain, de cuivre et de fer (sur l’île d’Elbe notamment).
Comme en Grèce, les cités se multiplient, puis se regroupent. Une « dodécapole », fédération de douze cités se fait jour. La liste exacte est inconnue, mais on peut envisager les noms de Caere, Volterra, Volsinies (Orvieto), Tarquinia, Véies, Vulci, Clusium (Chiusi), Rusellae (Roselle), Vetulonia, Populonia, Cortone, Pérouse, peut-être Arretium (Arezzo) et Fiesole.
Les cités sont dirigées collégialement et annuellement par deux magistrats – Rome adoptera aussi ce modèle - mais restent très indépendantes : l’unité apparaît surtout dans les cérémonies religieuses.

L'extension

Au début du VIème siècle, les Étrusques, ayant copié l'armement et la manœuvre des hoplites grecs, étendent leur domination vers le nord autour de Felsina (Bologne). A la dodécapole toscane s’ajoute (symboliquement) une « dodécapole padane », avec des villes comme Spina, Mantoue, Modène, Parme et Melpom (Milan). De même au sud, en Campanie, les Etrusques créent une troisième dodécapole autour de Campeva (Capoue) fondée vers 600 av. J.C., comprenant Nola, Nocera, Herculanum, Pompéi, Calatia, Sorrente, Marcina et peut-être Stabies et Suessula.
Le Latium est alors inclus dans le territoire étrusque. Il est fort possible que Rome ait été fondée par les Etrusques, vers 800 av. J.C. Elle sera en tous cas dirigée de 615 à 509, selon la tradition, par la dynastie Étrusque des Tarquins.

Des mutations au déclin

Alors que l’Etrurie semble parfaitement intégrée entre le monde méditerranéen et l’Europe alpine et celtique, des changements profonds apparaissent. Sur mer, en 535 av. J.C., la bataille d’Alalia permet à une alliance entre Caere et les Carthaginois de chasser les Phocéens de Corse. Cependant Cumes résiste et les Grecs défendent avec succès les îles Lipari. La situation se retourne : les deux alliés sont vaincus par les Grecs de Syracuse à Himère en 480, au large de Cumes en 474, puis à Elbe en 453. Les Etrusquent perdent la suprématie maritime. En 414, ils viennent encore à l’aide des Athéniens qui assiègent Syracuse, dans la désastreuse « expédition de Sicile », ce qui accélère leur chute.
Les Etrusques se heurtent alors dans l’intérieur du pays aux Sabins et aux Samnites. Tarquinia et Chiusi se disputent Rome, mais les Romains se libérèrent vers 475. Les Syracusains refondent Naples en 470 et ravagent les côtes toscanes en 453 et 384. Capoue devient samnite vers 421, et la Campanie est perdue.

Les cités de la plaine du Pô conserveront un temps leur éclat. Adria et Spina commercent avec Athènes et les cités du nord (Felsina, Chiusi, Cortone, Pérouse, Arezzo, Volsinies, Fiesole, Volterra) restent florissantes. Cependant, la défaite d’Athènes dans l’expédition de Sicile puis dans la guerre du Péloponnèse affecte profondément les échanges commerciaux à partir de 411.

Au même moment, les Etrusques se trouvent pris en tenaille entre les ambitions romaines au sud et la poussée gauloise au nord. Les Gaulois cohabitaient depuis longtemps avec les Etrusques, mais arrivent toujours plus nombreux et n’adoptent rien des mœurs locales. Mantoue tombe en 400, Melpom devient Milan (vers 396) et Felsina devient Bologne (vers 350).

La conquête Romaine

Rome s’étant dégagée de l’emprise étrangère, s’empare de Véies en 396 et la détruit tout en s’assurant l’alliance de Caere. Elle supporte sans grande conséquence le raid des gaulois vers 390 et étend son territoire aux dépens des Latins, des Samnites et des Etrusques : ceux-ci tentent de se liguer mais sont défaits en 351 après sept ans de guerre.

En 294, les Romains imposent leur ordre à Arezzo, puis à Roselle en 293, Volsinies (Orvieto) en 264. Rome domine l'Étrurie dès 265 avant JC. Celle-ci se fondra définitivement dans le moule romain à l’issue de la guerre des Alliés (88 av. J.-C.). Au IIème siècle, des consuls romains seront même issus de familles étrusques.