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L'ART  ETRUSQUE


 L'essentiel de cette page est traduit du site de notre partenaire "
Mysterious Etruscans", 
 qui nous a aimablement autorisés à utiliser ses textes et ses illustrations.  
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Orfèvrerie - Fresques - Sculpture - Poterie et céramique - Bronzes - Miroirs
Dans toutes les études sur l'art étrusque, il faut garder à l’esprit qu’une grande partie de l'art étrusque n'a pas survécu jusqu'à aujourd'hui. Dans les écrits sur la destruction de Volsinii par les Romains, on lit le récit de la destruction de 2000 bronzes étrusques qui ont été fondus pour produire des monnaies de bronze. En conséquence, nous avons une perception légèrement biaisée de l'art étrusque, la majorité des objets qui nous sont parvenus étant du domaine de l’art funéraire, ce qui nous conduit à des idées complètement fausses sur les Etrusques.

D’après les fouilles de Murlo, de Roselle et d'autres cités, il est évident que l'art faisait partie intégrante de la vie étrusque. A Murlo, une villa étrusque du VIIème siècle a été mise au jour. La reconstitution montre que de grands panneaux de terre cuite peinte ornaient les entrées. L'art des nécropoles, sous la forme de fresques et de reliefs polychromes indique que les Etrusques ont abondamment employé la couleur dès les temps les plus anciens. Bien que les tombes peintes soient parmi les plus célèbres, il faut se rappeler que celles-ci ne représentent qu’une minorité, et que seules les familles aristocratiques pourraient se permettre le luxe de décorer de fresques leur tombeau.

L'image ci-contre montre une partie de l'antéfixe du temple de Juno Sospita, à Lanuvium (VIème - Vème siècle av. J.C.). Cette antéfixe en terre cuite représente une ménade. Beaucoup d'exemples semblables ont été trouvés, dans bien des cas avec des traces de la décoration polychrome originale. Le sourire caractéristique se retrouve sur de nombreuses statues de la période archaïque grecque, qui leur est contemporaine.

Quelques auteurs des XIXème et XXème siècles ont jugé que l’art étrusque était d’une certaine manière inférieur à ces dernières, bien qu’il s’agisse d’une comparaison erronée avec les canons mathématiques Grecs de la beauté. De nos jours nous pouvons apprécier l'art étrusque beaucoup plus librement, puisque les artistes étrusques semblent saisir le sentiment et l'essence de tant de sujets bien mieux que, par exemple, l’art fortement codifié de la période classique.

Les styles de l'art étrusque varient considérablement selon les différentes villes d’Etrurie, et d’une manière également importante selon les époques - de sorte que nous pouvons, dans de nombreux cas, dater des oeuvres d'art étrusques par comparaison avec d'autres exemples.

L'intérêt pour l'art étrusque s'est développé pendant la Renaissance, époque à laquelle cet art a eu des influences stylistiques considérables sur les artistes de l’époque, dont beaucoup ont vécu dans les anciennes cités d’Etrurie qui abondaient en art étrusque.

Vers le XIXème siècle, l'art étrusque suscitait de vraies passions, et la fouille des tombeaux étrusques se développait pour satisfaire la demande croissante. Parmi ces passionnés, un frère de Napoléon qui possédait des terres près de Canino, incluant la nécropole étrusque de Vulci. Il exploita ces "ressources"à grande échelle, détruisant en chemin bien des oeuvres d'art, et recouvrant ensuite les tombes de terre. En conséquence, comme dans bien d’autres cas, nous possédons maintenant des milliers d’œuvres d'art étrusques dont la provenance nous est inconnue, et qui figurent toujours dans des collections privées, ou ont été donnés aux musées d’Europe et des Etats-Unis.

Orfèvrerie    


Le travail de l'or chez les Etrusques était parmi les plus prestigieux du monde méditerranéen au cours du premier millénaire av. J.C. Un choix considérable de bijoux d'or a été trouvé dans le tombeau de Regolini Galassi, qui a été découvert au XIXème siècle avec étonnamment peu de traces de pillage. Le pillage était pourtant extrêmement courant dans l’Antiquité, et a été même encouragé officiellement par Alaric le Goth quand ses armées ont submergé Rome au début du Vème siècle de notre ère.

La magnifique fibule d'or ci-contre a été extraite du tombeau de Regolini-Galassi, à Cerveteri (Caere) et remonte au VIIème siècle av. J.C. C'est l'un des exemples les plus fins de l’art de l’orfèvrerie étrusque. Cette illustration ne rend pas justice au travail minituieux qui a conduit à une telle oeuvre. La technique précise de la granulation a été pendant longtemps un art oublié, et n’a été redécouverte qu’au XXème siècle par E Treskow (une fibule est une sorte de grande épingle de sûreté ornementale utilisée pour attacher une robe). La fibule de gauche est un autre exemple de l'art des orfèvres de Rasenna.

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Fresques     



A gauche : Le tombeau des Lionnes, Tarquinia. A droite : Le tombeau du Triclinium, Tarquinia.

Ces deux images illustrent l’omniprésente joie de vivre étrusque. Elles sont très typiques des nombreuses fresques des Etrusques qui dépeignent des personnages vibrants de vie, souvent dansant ou jouant des instruments de musique. Ils ont peint des oiseaux ou des animaux fréquemment mêlés aux figures humaines, qui semblent habituellement pleines de force, de santé et de joie de vivre. Les petits oiseaux et autres sujets de la nature ne paraissent pas hors de propos dans l’œuvre, et ne semblent pas constituer de simple décorations, mais confèrent une harmonie naturelle à l’œuvre achevée.

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Sculpture    

La sculpture ci-contre (en fait une urne cinéraire) provient de la nécropole de Banditaccia, Cerveteri, et est connue comme le sarcophage dei Sposi. Elle est actuellement exposée au musée de la Villa Giulia à Rome. Le couvercle du sarcophage en terre cuite présente les figures d'un homme et d'une femme, vraisemblablement son épouse, reposant sur un triclinium ou divan de banquet, partageant probablement un repas ou un moment tranquille après le dîner.
Les deux personnages sont appuyés sur leur coude gauche, l’homme très près derrière la femme. Les deux visages échangent un sourire complice et tendre. Un sarcophage très similaire a été également trouvé à Cerveteri. On pense qu'il est du même artiste et date de 530-520 av. J.C.

Les Grecs et plus tard les Romains avaient une opinion très critique des Etrusques. Théopompe de Chios, un historien grec qui a vécu au quatrième siècle av. J.C. a traité de la Moralité des Etrusques : "…de plus elles dînent, non pas avec leur propre époux, mais avec tous les hommes qui se trouve être présents, et promettent du vin à qui en souhaitera. Elles boivent également avec excès, et sont très belles. Les Etrusques élèvent tous les bébés qui naissent, ne sachant pas toujours qui en est le père…".

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Poterie et Céramique     

Pour leur part, les poteries et céramiques étrusques adoptèrent au fil des époques des styles très différents, tantôt copiés fidèlement sur des modèles grecs ou proche-orientaux, tantôt d’une grande originalité qui les rend facilement identifiables. Cette variété suit plus ou moins près les évolutions des relations commerciales du pays.

Les techniques elles-mêmes connurent une longue évolution: les premiers vases étaient réalisés en argile d'origine alluviale de torrent ou de rivière. A partir du VIIème siècle on apprit à raffiner l'argile de base, dite "de glaise brute". Ce matériau plus fin était cuit à 900° environ, et permettait de produire des objets nettement plus précieux, travaillés au tour. Les décorations étaient gravées ou en relief.
A l’époque Villanovienne, les morts sont incinérés. Les cendres étaient placées dans des urnes biconiques en terre cuite. Plus tard, l'inhumation coexista avec l'incinération, et les sarcophages sont ornés de gisants ou et prennent la forme d'un triclinium (lit de banquet), représentant des défunts dont les traits rappellent les statues grecques archaïques.

Les productions d’urnes funéraires, puis de poteries noires donnera naissance à la technique du Bucchero Nero, qui sera pratiquée jusqu’au Vème siècle av. J.C. Les parois, d’abord épaisses, s’affinent et atteignent leur perfection au VIIème siècle. Le bucchero nero est constitué d’une argile qui se teinte en noir ou parfois en gris, grâce à un procédé de réduction proche des techniques métallurgiques. Poli ensuite pour présenter des reflets métalliques, il est souvent décoré de figures en relief, en creux ou incisées. Parmi les formes obtenues, très variées, le calice, le canthare à hautes anses et l’amphore à deux anses garnie de dessins incisés sont particulièrement typiques. Le but est d’imiter la vaisselle de bronze, beaucoup plus coûteuse.

Pendant toute l’époque étrusque, on rencontre aussi des poteries funéraires ou votives brunes nues qui ne portent aucune peinture, mais sont décorées de figures gravées ou modelées en relief avant que la pâte ait durci. Les formes rappellent parfois des objets usuels comme des réchauds, des fourneaux, des boîtes. On y voit sur les poteries des figures humaines, des monstres empruntés à l'Asie, des dessins géométriques. A Chiusi, à Volterra, à Vulci, les dessins sont plutôt en relief, alors qu’ils sont plus souvent en creux à Véies.

Au VIIème siècle, du fait d'échanges avec les civilisations méditerranéennes apparaît la céramique dite étrusco-corinthienne ou parfois "italo-corinthienne". Celle-ci imite la production corinthienne et particulièrement la céramique proto-corinthienne, et atteint assez rapidement une qualité quasiment égale à ses modèles. Mais dès la fin du siècle, les ateliers étrusques s’écartent des modèles corinthiens et adoptent des décors plus originaux et des formes plus proches de celles qui apparaissent en Grèce : oenochoés, olpés, puis alabastre à fond plat, aryballe à double corps ou carénée et différentes variantes de kylix et de plats.

Entre 600 et 480 environ, la multiplication des échanges fait émerger de nouvelles techniques artistiques. La peinture obtient un statut décoratif et s'applique sur les vases et les fresques. La céramique devient très proche de la production grecque, adoptant les techniques de figures noires, puis de figures rouges. Elle adopte aussi des motifs originaux (dauphins, animaux) ou des motifs caractéristiques (type de Genucilia). A Cumes et Nola on produit pendant longtemps des vases dont la décoration s’inspire directement des écoles grecques.

Enfin, à partir du IIIème siècle av. J-C, et jusque sous la période romaine et l’ère chrétienne, les potiers d'Arezzo connaissent également une grande vogue. Elle sont généralement en terre rouge d'une grande finesse et d'une homogénéité rare, décorée d'ornements en relief et vernissée. Elles aboutissent au Ier siècle av.J.C. à la céramique sigillée, qui sera imitée jusqu’en Gaule et en Afrique.

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Bronzes     

Aux temps antiques, les Etrusques étaient des maîtres incontestés dans l'art de la sculpture du bronze, et ont été loués pour cet art par des auteurs grecs et romains. Athenaeus dans son"Symposium" cite un poème de Critias disant : "La coupe étrusque d'or battu est reine, et tous les bronzes ornent la maison quel que soit leur usage". Athenaeus mentionne aussi, un personnage d’une pièce de Pherecrate et lui fait dire "Le socle de la lampe était tyrrhénien… car multiples étaient les talents parmi les Etrusques, qui ils étaient des artisans habiles et passionnés" ; Vitruve, dans son célèbre traité sur l'architecture, se réfère aux superbes statues en bronze doré des Etrusques, et Pline l'Ancien écrit "Il existe également des statues étrusques dispersées dans les diverses régions du monde, qui sans aucun doute proviennent d’Etrurie".
Chimère à deux têtes (un lion et une chèvre), et une queue en forme de serpent

Même aujourd'hui, nous avons quelques exemples magnifiques du travail étrusque du bronze, avec la louve Capitoline (Romulus et Remus ont été ajoutés au XVème siècle). C'est la Lupa, qui reste même aujourd’hui le symbole de Rome.
A Arezzo, un autre symbole d’une ville est la chimère de bronze, éclatante de vie, qui peut être vue dans le musée local.
Le nom des maîtres qui ont réalisé ces sculptures est inconnu, et il faut admettre que ce que nous possédons aujourd’hui n’est qu’une maigre relique de l'immense trésor d'Etrurie, l'El Dorado du monde antique.

Car c’était un trésor non seulement en termes de valeur monétaire, mais par sa valeur artistique incalculable, dont la plus grande partie est désormais perdue. Nous lisons dans Tite-Live que, lorsque le consul M Fulvius Flaccus s’est emparé de la ville de Volsini, il l'a dépouillée de tous ses précieux trésors, de ses offrandes votives et de tous autres présents. Une longue file de chariots remplis par le fruit de ce pillage, comprenant 2000 statues en bronze, partit pour Rome pour être fondu et simplement employé pour produire les pièces de monnaie romaines en bronze (as grave) afin de contribuer à l'effort de guerre contre Carthage. On rapporte que Metrodore de Scepsis (Pline l'Ancien) reprocha aux Romains d’avoir pillé la ville juste pour ces deux mille statues.

L’un des centres de travail du bronze les plus célèbres était la ville de Vulci. Même à l’époque romaine, la ville est restée un centre important de production d’articles en bronze, et parmi les œuvres d’art provenant de cette ville, on note les récipients à boire, les trépieds munis de pieds en forme de pattes de lions, les brûleurs d'encens ornés de danseurs et de silènes. A l’apogée de l'empire romain, des villes telles que Clusium et Arretium produisaient toujours d'excellents articles en bronze, quoique dans le style romain. La statue d'Aulus Metellus n’est qu’un exemple des bronze tardifs produits en Etrurie.

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Miroirs     

Les miroirs étrusques étaient généralement moulés en bronze, qui est un alliage de cuivre et d'étain. Le bronze étrusque contenait également, parfois, une petite quantité de plomb, mais pas de zinc. L'étain était à l'origine négocié avec les Gaulois, qui l'obtenaient probablement des îles Britanniques (Cornouailles), mais plus tard, de l'étain a été découvert à Campiglia, près de Populonia.

Les miroirs étrusques étaient généralement moulés d'une seule pièce, avec une tige proéminente. Cette tige était ensuite insérée dans un manche fait d’un autre matériau tel que le bois, l'os ou l'ivoire. Cependant, dans quelques exemples, le miroir est moulé intégralement en bronze, y compris le manche.

Au dos, beaucoup de miroirs étrusques portent une image gravée ou moulée en bas relief. La face avant du miroir était finement polie en utilisant des matériaux tels que la pierre ponce ou l’os de seiche. Les miroirs plus tardifs ont été faits d’un bronze ayant une teneur plus élevée en étain. En conséquence, leur surface plus résiliente était d’une couleur plus vive et donnait ainsi une meilleure image réfléchie.

L'illustration au dos des miroirs étrusques représente généralement des femmes, souvent (mais pas toujours) dans un contexte mythologique. Dans de nombreux cas, elle s’inspire de la mythologie grecque, mais souvent aussi d’un thème étrusque ou dérivé d’une certaine façon du mythe grec original. Parmi les exemples de telles scènes, on note la naissance d'Athéna (Minerve) issue de la tête de Zeus (Tinia), les travaux d’Héraclès avec quelques variantes étrusques inconnues, et les Dioscures, habituellement accompagnés d'un personnage féminin (Leda/Latone ?).

Les miroirs déposés dans les tombes étaient souvent délibérément détruits en y gravant "suthina" (offrande sépulcrale) sur la surface polie. Souvent le texte était écrit de droite à gauche sur les miroirs, ou dans les deux sens, selon l'effet esthétique global désiré. Il est intéressant de noter que contrairement aux miroirs grecs contemporains, beaucoup de miroirs étrusques, bien que destinés à des femmes, portaient de nombreuses inscriptions, ce qui étaye l’opinion selon laquelle les femmes étrusques avaient un niveau d'instruction et une position sociale élevés.

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