Les mondes antiques:  

Les cartes de la Méditerranée antique

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LES PHENICIENS
 
Les origines

Dès le néolithique, le site d’Ougarit est habité par une population qui, à l’âge du bronze, occupera toute la rive orientale de la Méditerranée : les Cananéens, dont on pense qu’ils venaient de la rive nord de la mer Rouge. Les principale villes cananéennes étaient Ougarit, Arvad, Aradus, Tripoli (Tarablus), Byblos (Jbeil), Berytus (Beyrouth), Sidon (Saïda), et Tyr (Sour).

Les Cananéens se sont ensuite répartis en trois zones, les Philistins au sud, les Hébreux au centre vers l’intérieur des terres, les Phéniciens au nord. Il y eut peut-être des apports de populations, mais au nord, les Phéniciens eux-mêmes appelaient leur pays Canaan.

On appellera généralement Phéniciens, nom que leur donnèrent les Grecs, le peuple qui habitait la côte de l'actuel Liban entre les invasions dites "des Peuples de la Mer" qui ont bouleversé la région vers 1180 av. J.-C., et sa conquête par les armées d'Alexandre en 332 av. J.-C.

Commerçants et marins… ou pirates

Bien que l’arrière-pays soit loin d’être hostile et permette des cultures variées (céréales, oliviers, vignes, figuiers, cultures maraîchères, palmiers) et possède de riches forêts de cèdres, les Phéniciens, confinés sur une étroite bande côtière, ne peuvent que se tourner vers la mer. Ils disposent pour cela d’un atout considérable : le bois de leurs forêts. Pour construire leurs navires, ils améliorent les techniques égyptiennes, et savent se diriger grâce aux étoiles.

Ils dominent le trafic méditerranéen dès le début de l’âge du fer (vers 1200 av. J.-C.), et pour plusieurs siècles. Car à cette époque, les Crétois ont disparu des mers, les Mycéniens déclinent et les Grecs n’y sont pas encore : ils ne s’y lanceront qu’à la fin du IXème siècle av. J.-C. pour établir des colonies.
Tyr exploite la pourpre, extraite du murex. Les artisans de Sidon savent fondre le verre. Tout ce qui se vend et s’achète passe entre leur mains.

Bien qu'étant parfois pirates et trafiquants d’esclaves, les Phéniciens ont participé, de par leur commerce, à l’évolution des terres qu’ils rencontraient. Ils apportent aux Grecs des oeuvres d'art de Sidon, et leur écriture alphabétique. Leur alphabet, qui utilise 22 lettres, marque un grand progrès par rapport aux écritures antérieures. Apparu probablement à Byblos, il supplante les anciennes écritures orientales, est adopté par les Grecs comme il le sera par les Romains, avec bien sûr quelques adaptations : on ajoute ou non les voyelles, on écrit de droite à gauche ou inversement…

Les comptoirs phéniciens

L’expansion maritime phénicienne est purement commerciale, et n’est pas liée à une poussée démographique comme celle qui conduira les Grecs à essaimer sur la méditerranée occidentale. Les Phéniciens créent avant tout des comptoirs commerciaux desservis par un port, dans un endroit facile à défendre. En Méditerranée, attirés par les lieux de commerce tout autant que par les gisements miniers, ils se tournent d’abord vers Chypre (Kition et Paphos), puis vers Rhodes, Cythère, Samothrace, Thasos et ses mines d'or, et la Crète.

A partir du Xème - IXème siècle avant J.-C, ils s’installent sur les côtes africaines (Utique, Cirta, Hippone, puis Carthage (en 814 av. J.-C.) qui créera elle aussi de nombreux comptoirs - Bizerte, Tabarka, Hadrumetum (Sousse), Rachgoun, Mogador) - à Malte vers 725 av.J.-C., en Sicile (Motyé, Eryx et Panormos (Palerme), en Sardaigne (Tharros, Nora, Sulcis), où se nouent des relations avec les Etrusques. La Corse et les Baléares sont des escales pour le commerce avec la péninsule ibérique, sur laquelle ils s’implantent largement, et fondent de nombreuses villes : Olisipo (Lisbonne) Tartessos (peut-être la Tarsis biblique), Gadès (Gadira, Cadix), Nova Cartago (Carthagène), Onoba (Huelva), Toscanos, Trayamar, Malaca (Malaga), Abdera (Adra). Oea, Sabrata, Leptis Magna dépendent de Carthage, qui prend le relais de la Phénicie déclinante (à Malte en 480 av. J.-C).

Les Phéniciens visitent la mer Noire, s’aventurent sur les côtes de l’Atlantique, s’implantent au Maroc actuel (Essaouira). Peut-être jusqu’aux côtes britanniques pour y trouver de l'ambre et de l’étain. Selon Hérodote, les Phéniciens auraient même réussi à faire le tour de l’Afrique, en revenant par Gibraltar… Le commerce de la Phénicie paraît avoir atteint son apogée vers VIIIème siècle av. J.-C.

Politique

Les Phéniciens se disent eux-mêmes Cananéens, mais surtout citoyens de Sidon, Tyr, Byblos ou Arvad, d’une cité plutôt que d’un état. La Phénicie est ainsi une confédération très libre de cités et de petits états ayant chacun son roi, ses coutumes, sa divinité locale : Baal, El, Astarté (Tanit), Melqart, Eshmoun. Sidon et Tyr exercèrent cependant une domination relative, à certaines époques.

La flotte Phénicienne et les talents des chantiers maritimes sont aussi une arme diplomatique et militaire. Les Phéniciens se mettent parfois au service des autres puissances, auxquelles ils peuvent difficilement résister. Du IXème au VIIème siècle, la Phénicie est en lutte contre l'Assyrie, qui l’occupe vers 700. Lorsque le pharaon Néchao défait les Assyriens, elle le reconnaît pour suzerain (vers 606). Avec la victoire de Nabuchodonosor sur Néchao, elle passe sous l’autorité de Babylone, puis, à la chute de Babylone, de la Perse. Elle lutte du côté perse contre les Grecs, qui établissent leur suprématie maritime. Puis, se révoltant contre les Perses Sidon est complètement détruite. Elle est rebâtie, et lorsque Alexandre envahit l'empire perse en 332, elle se soumet à lui sans difficulté. Tyr, qui résiste, est détruite. La Phénicie tombe ensuite sous la domination des Séleucides, et partage le destin de la Syrie. Le pouvoir phénicien laisse cependant une brillante héritière, Carthage.

Carthage

Fondée vers 814 av. J.-C. par des exilés de Tyr, cette ville connaît un destin peu ordinaire, reine des mers, créant d’innombrables relais côtiers qui deviendront de grands villes, puis rivale de Rome avant de disparaître totalement. En 44 av. J.-C., Auguste bâtit la Carthage romaine, capitale de l'Africa proconsulaire, et la Carthage impériale qui lui succède honore les arts et les lettres.

Vous trouverez d'autres informations sur les cités phéniciennes dans la page "Monnaies" qui présente les pièces anciennes accompagnées des notes historiques rédigées par CGB.