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LES MONNAIES GRECQUES
Les monnaies grecques sont parmi les objets antiques les plus attachants qui soient. Plusieurs raisons à cela :
Ce sont les plus anciennes monnaies du monde, ce qui leur donne une aura particulière.
Il s’agit de réelles œuvres d’art créées par des artistes de grand talent, et produites artisanalement : chacune est unique.
Les points de repère sont assez nombreux pour que l’amateur ne soit pas perdu : si chaque cité frappait sa propre monnaie, elle les marquait de ses symboles les plus chers, qui sont restés célèbres et extrêmement évocateurs jusqu’à aujourd’hui : la chouette athénienne est toujours présente sur les euros grecs !
Un monde à découvrir pour le collectionneur, qui devra cependant rester modeste : les pièces rares atteignent vite des prix élevés. Heureusement, les pièces les plus belles ne sont pas forcément les plus rares.
Les monnaies grecques antiques : 1000 ans d'histoire
Les premières monnaies grecques datent du VIIème siècle avant J.C., et les dernières du règne de l'empereur romain Gallien(253-268 après J.-C.). Le monnayage grec couvre donc tout un millénaire.
Comme pour l’histoire et l’art grec, les numismates distinguent :
- la période archaïque qui s'étend des commencements du monnayage Grec aux guerres médiques (480 avant J.C.),
- la période classique, qui commence alors et s'achève avec Alexandre le Grand, vers 330 avant J.C.,
- la période hellénistique, qui dure jusqu'à la conquête romaine au Ier siècle avant J.C.
Les cités grecques continuèrent à produire leurs propres monnaies sous la domination romaine jusqu'au règne de Gallien : ces monnaies sont appelées « monnaies provinciales grecques ».
Les créséides, monnaies de Crésus
La tradition attribue les plus anciennes monnaies aux rois de Lydie, dont la richesse était proverbiale. Les noms de la rivière aurifère du Pactole et du roi Crésus restent évocateurs de richesse. Une monnaie est alors une masse métallique : électrum d’abord - alliage naturel d’or et d’argent - puis, lorsqu’on a su séparer ces métaux sous le règne de Crésus (561-547 avant JC), monnaie d’or d’une part, d’argent d’autre part. C’est le poids du métal qui donne la valeur de la monnaie, marquée par un coin (lion, taureau…). Sauf rares exceptions, ces monnaies ne portent aucune légende.
Au VIIème et au VIème siècle, cette invention se propage dans le monde Grec, et notamment à Egine, où l’on frappe dès 670 avant J.-C. les pièces d’argent représentant une tortue de mer. Elle se répand très vite à l’ensemble de la Grèce et aux nombreuses colonies grecques de la Mer Noire et de Grande-Grèce.
Les monnaies grecques archaïques
Les monnaies archaïques sont de petites masses de métal (or, argent ou bronze) sur lesquels on imprime par frappe des dessins ou des symboles pour indiquer leur cité d'origine. Le relief des pièces étaient gravé en creux sur des coins de métal, puis on frappait au marteau les ébauches de métal insérées entre les deux coins. Cette opération demande une certaine habileté pour que le dessin soit bien net sur une pièce bien centrée.
Les monnaies archaïques des cités d'Asie Mineure représentent des animaux réels ou fantastiques qui constituent l'emblème de la ville, un thon ou un sanglier ailé pour Cyzique, un phoque pour Phocée, un taureau pour Samos, le cerf et l'abeille à Ephèse, etc.
Les monnaies des cités les plus puissantes ont circulé le plus largement, et ont ainsi, de fait, imposé leur unité de poids, alors que ces unités différaient généralement d’une cité à l’autre.
La drachme d'argent d'Egine (de 6,28 grammes) est le premier exemple de monnaie qui s'est imposée comme un étalon monétaire dans les échanges commerciaux.
Vers 510 avant J.C., Athènes commence à étendre sa puissance. La pièce la plus célèbre est la tétradrachme (pièce de 4 drachmes) d'argent, une drachme attique valant 4,36 grammes et pouvant se diviser en 6 oboles.
Peu à peu, le standard athénien s'est imposé. Les tétradrachmes à l’étalon attique ont été les monnaies les plus utilisées de toute l’antiquité y compris par Alexandre et les rois hellénistiques.
Les monnaies grecques de la période classique
A la période classique, le monnayage grec atteint un niveau technique et artistique exceptionnel. De nombreuses monnaies d'argent ou d’or circulent. Elles représentent généralement le portrait de la divinité tutélaire de la cité, d’un héros légendaire, ou un symbole de la cité. Les monnaies de Rhodes, par exemple, représentent une rose.
Les pièces commencent à porter des inscriptions, en commençant par le nom de la cité.
Les monnaies de la période hellénistique
Pendant la période hellénistique, la culture grecque se diffuse largement. La tétradrachme à l’effigie Alexandre le Grand devient un standard quasiment mondial. Des royaumes de culture grecque s'établissent en Egypte, en Syrie, en Iran, en Afghanistan et dans le nord ouest de l'Inde. Leurs monnaies sont produites en masse.
La grande nouveauté du monnayage hellénistique est la représentation de portraits ressemblants des rois, avec mention de leur nom.
Les monnaies porteront ensuite jusqu’à l’identification de l’atelier de production.
Égine, v. 400 av.J.C., statère, argent,
diamètre 21,50mm
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EGINE La mythologie attribuait la création de la monnaie grecque continentale à Phidion d'Argos au VIIe siècle avant J.-C. En réalité, la fabrication des espèces, les tortues éginétiques ne commencerait pas avant la seconde moitié du VIe siècle avant J.-C. Le monnayage d'Égine se décompose en deux grandes phases, différenciées par l'utilisation de la tortue marine avant 457 avant J.-C. et de la tortue terrestre après cette date.
La cité d'Égine est située sur l'île du même nom. Elle est placée à égale distance entre Athènes et la côte de l'Argolide. C'est à Égine que furent frappées les premières pièces d'Occident au VIe siècle avant J.-C. Sa situation géographique et économique devait en faire une place commerciale de première importance à la croisée des chemins entre l'Eubée, Athènes, Corinthe et le Péloponnèse. L'étalon éginétique (d'Égine) se répandit rapidement dans toute la mer Égée, la Grèce, la Crète et une partie de l'Asie Mineure. Malheureusement, après les Guerres Médiques, la ville se trouva éclipsée par Athènes qui s'en empara en 457 avant J.-C. Les Éginètes furent chassés par les Athéniens. Égine ne retrouva sa liberté qu'après la chute d'Athènes, mais elle avait définitivement perdu sa puissance économique.Document CGB, www.cgb.fr |
Attique, Athènes, vers 420-405 Av. J.-C. tétradrachme, argent, diamètre 24,5mm |
ATHENES
La fortune d'Athènes au Ve siècle repose en grande partie sur la récupération du trésor de la Ligue de Délos qui ne contenait pas moins de cinq mille talents d'argent et qui servit à enrichir et embellir Athènes en opprimant les Alliés. La guerre du Péloponnèse (431-404 avant J.-C.) mit fin à l'hégémonie athénienne. Périclès (449-429 avant J.-C.) ne vécut pas assez longtemps pour assister à la chute de la cité. Thucydide a immortalisé ce conflit dans son ouvrage consacré à la guerre du Péloponnèse dont il fut l'un des acteurs avant d'être lui-même ostracisé, c'est-à-dire exilé.Document CGB, www.cgb.fr
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Attique, Athènes, vers 349 av.J.C., tétradrachme, argent, type "de transition" |
ATHENES
Un important changement stylistique apparaît sur les "chouettes" du IVe siècle : l'œil n'est plus vu de face, mais de profil. Le style du visage est ici traité différemment. Il a moins de vigueur et de force tout en étant moins figé.
Après la chute d'Athènes en 404 avant J.-C. et l'instauration du gouvernement oligarchique des Trente Tyrans sous l'hégémonie spartiate, la ville perd son empire maritime, voit sa flotte confisquée et les Longs Murs démantelés. La démocratie est rétablie l'année suivante, mais Athènes se replie sur elle-même. Socrate est obligé d'absorber la ciguë (399 AC.). Athènes reprend sa place grâce à Conon. Elle s'appuie d'abord sur les Perses, puis s'allie avec Thèbes contre Sparte (378 AC.). Une nouvelle confédération maritime est formée l'année suivante . Les Spartiates sont battus à Naxos (376 AC.). Athènes signe la paix avec Sparte et se retourne contre Thèbes. À partir de 357 avant J.-C., elle doit faire face à une révolte de ses alliées et à la montée en puissance de Philippe II de Macédoine, après la prise d'Amphipolis. Les Athéniens sont finalement battus à Chéronée en 338 avant J.-C. avant de tomber sous la domination macédonienne.Document CGB, www.cgb.fr
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Athènes vers 182-181 av. J.-C., tétradrachme stéphanophore, argent, diamètre 33mm |
ATHENES
Athènes après la mort d'Alexandre le Grand essaya de recouvrer son indépendance. Les Athéniens furent battus à Crannon en 322 avant J.-C. Démosthène se suicida pour ne pas être livré à Antipater. Après cette date, Athènes ne survécut que grâce à son prestige passé. Cassandre s'empara d'Athènes en 317 avant J.-C. et instaura un régime oligarchique. Elle suivit le sort de la Macédoine jusqu'à la défaite de Pydna en 168 avant J.-C. Lors de la guerre contre Mithridate, Sylla assiégea la ville qui se rendit en 86 avant J.-C.Document CGB, www.cgb.fr
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Corinthie, Corinthe, vers 330 av. J.-C., statère, argent, diamètre 21mm |
CORINTHE Corinthe fut la victime involontaire de l'hégémonie macédonienne sur l'Asie à partir d'Alexandre le Grand car elle perdit alors son rôle stratégique. Ptolémée Ier l'occupa de 308 à 306 avant J.-C., ce qui marque la date de la fin de la fabrication des 'poulains'. Elle rejoignit la ligue achéenne après 268 avant J.-C., mais la ville fut rasée par Lucius Memmius en 146 avant J.-C. pour s'être opposée à Rome.Document CGB, www.cgb.fr |
Sicyone, vers 330 av. J.-C., hémidrachme, argent, diamètre 17,5mm |
SICYONE Sicyone, au débouché de l'isthme de Corinthe dans le Péloponnèse, était la plus petite entité politique de cette région avec Phlius qu'elle touchait. Enclavée entre l'Achaïe et l'Argolide, elle avait été décrite par Homère dans l'Iliade comme ayant fait partie du royaume d'Agamemnon. Nous avons peu d'informations sur l'histoire de la cité avant la fin des guerres Médiques sinon que la région fut souvent dévastée par les Athéniens, en particulier sous Périclès en 454 avant J.-C., d'après E. Babelon. Le monnayage ne commencera à devenir important qu'après la fin de la guerre du Péloponnèse en 404 avant J.-C.Document CGB, www.cgb.fr
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Carie, Rhodes, vers 305-274 av. J.-C., didrachme, argent, diamètre 17,5mm |
RHODES Rhodes, capitale fédérale, fut fondée en 408 avant J.-C., date du début du monnayage. Rhodes fut assiégée par Démétrius Poliorcète en 305 avant J.-C. Ce fut un échec. Les Rhodiens remercièrent le dieu protecteur en lui élevant une statue à l'entrée du port. Charès de Lindos construisit le Colosse de Rhodes entre 292 et 284 avant J.-C. C'était l'une des sept merveilles du monde. Haut de 33 mètres, il fut détruit par un tremblement de terre en 226 avant J.-C. Un oracle interdit aux Rhodiens de le reconstruire. Rhodes, alliée de Rome, s'émancipa définitivement de la tutelle séleucide après 188 avant J.-C.Document CGB, www.cgb.fr |
Histiée, vers 196-168 av. J.-C. Tétrobole, argent, diamètre 15,5mm |
EUBEE Histiée était située dans l'est de l'Eubée. Grâce à son monnayage important, nous pouvons imaginer le rôle économique que la ville a détenu. Le monnayage aurait été frappé pour commémorer l'expulsion, avec l'aide des Athéniens, du tyran pro-macédonien, Philistides, en 340 avant J.-C. Histiée semble prendre une importance considérable après l'arrêt des émissions de la Ligue euboïque en 267 avant J.-C. Son indépendance fut confirmée après 196 avant J.-C. Son monnayage fut largement imité par les Macédoniens et servit peut-être à stipendier les mercenaires des armées grecques à la veille de la bataille de Pydna en 168 avant J.-C. Après la défaite macédonienne, la ville perdit de son importance et ne monnaya plus que du bronze. Document CGB, www.cgb.fr
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Sicile, Agrigente, vers 450 av. J.-C., tétradrachme, argent, diamètre : 24,5mm |
AGRIGENTE Agrigente fut fondée au VIe siècle avant notre ère par des colons de Géla. Le monnayage semble commencer vers 550 avant J.-C. Théron, tyran d'Agrigente, s'empara d'Himère en 482 avant J.-C. Ce dernier et Gélon de Syracuse remportèrent une brillante victoire sur les Carthaginois à Himère en 480 avant J.-C. qui fit relâcher l'étau que Carthage faisait peser sur l'île. Après la mort de Théron en 472 avant J.-C., la Démocratie fut rétablie. En 413, Agrigente, était plutôt favorable aux Athéniens contre les Syracusains. La ville fut détruite lors de l'invasion carthaginoise de 406 avant J.-C. Elle fut néanmoins reconstruite, mais ne retrouva pas sa splendeur d'antan. Les Romains s'emparèrent d'Agrigente en 210 avant J.-C., lors de la conquête de la Sicile.
Document CGB, www.cgb.fr
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Sicile, Syracuse, vers 475-470 av. J.-C Tétradrachme, argent, diamètre 24,5mm |
SYRACUSE Le gouvernement de Syracuse, fondée en 733 avant J.-C. par des colons corinthiens, fut assuré à partir de 485 avant J.-C. par Gélon, tyran de Géla depuis 491 avant J.-C. Il avait remporté une victoire aux Jeux olympiques de 488 avant J.-C. (course de chars) et rappela cette victoire en la représentant au droit du monnayage de Syracuse alors que le revers était occupé par la tête d'Aréthuse. Cette nymphe, dans la mythologie, résidait dans l'île d'Ortygie, en face de la ville de Syracuse, sous la forme d'une fontaine d'eau douce, (Virgile, Eclog. IV.1, X.1). Alphée, un satyre, représentant un dieu-rivière dans le Péloponnèse, près de Phylace en Arcadie, avait poursuivi Aréthuse. À sa prière, Artémis la transforma en rivière et seule la mer permit à la nymphe d'échapper au satyre. Cette légende permit d'expliquer un phénomène hydro-géographique : une rivière souterraine passe sous la mer pour déboucher dans l'île d'Ortygie. En 480 avant J.-C., les Carthaginois envahirent la Sicile mais furent vaincus par Gélon à Himère. En 478, Gélon mourut et son neveu Hiéron lui succéda.
Document CGB, www.cgb.fr |
Pella, tétradrachme, monnayage au nom et au type d'Alexandre III le Grand |
PELLA
Alexandre III le Grand est le fils de Philippe II de Macédoine et d'Olympias. Il est né en 356 avant J.-C., au moment où les chevaux de Philippe triomphaient aux Jeux olympiques. À la mort de son père, qui périt assassiné en 336 avant J.-C., il devient roi de Macédoine à vingt ans. Il écrase de suite les Thébains et rase la ville qui s'était révoltée. En 334 avant J.-C., il passe en Asie et, après la victoire du Granique, part à la conquête de l'empire achéménide, ce qui le conduira jusqu'à Persépolis, puis aux portes de l'Inde. De retour à Babylone, en 325, il épouse Roxane qui lui donne un fils. Deux ans plus tard, il meurt sans avoir achevé son œuvre, âgé de 33 ans.
Document CGB, www.cgb.fr
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