Le titre « Holzwege » est aussi celui d’un essai philosophique de Martin Heidegger (1949) qui a été traduit en français par « Chemins qui ne mènent nulle part », ce qui montre à quel point la traduction est un art difficile. En allemand ce mot (Holz=bois, Wege=chemins) désigne les chemins forestiers que les bûcherons empruntent pour extraire le bois coupé de la forêt, et donc, pris en sens inverse, ces chemins ne mènent vraiment nulle part. Que de mots pour en traduire un seul.
Il m’est venu à l’esprit alors que j’examinai un scarabée égyptien, cette bestiole qui pousse devant elle le disque solaire… comme le bousier déplace sa boulette.
Car les anciens Égyptiens croyaient que ce coléoptère (Scarabaeus sacer) faisait renaître le Soleil chaque matin, le roulait devant lui au-dessus de l’horizon et l’emportait dans l’autre monde, la nuit, pour ne le ramener qu’au matin suivant.
Ils le nommaient Khépri, ou Kheper, mot qui signifie aussi (selon cette logique) « venir à l’existence ».
Or, en allemand, scarabée se dit Käfer. C’est aussi le surnom de la petite automobile que nous appelons « coccinelle ». On reste dans les coléoptères.
Kheper, Käfer, y aurait-il une parenté entre ces mots? L’allemand s’inspirerait-il de l’égyptien ancien? Et puis on peut aussi les rapprocher du mot français « cafard », une autre bestiole…
Du coup, je me suis penché sur l’étymologie de ces trois mots. Résultat: il n’y a absolument rien de commun entre leurs origines. Raté. Encore une curiosité qui ne mène à rien.
Bon, je n’aurai donc trouvé qu’un seul mot qui nous soit directement parvenu de l’Egypte ancienne: ébène, ce bois que les artisans égyptiens employaient pour confectionner de petits objets précieux.
Enfin, directement… via le grec ancien ebenos et le latin ebenus, tout de même.
Les mots voyagent comme le bois…
René Kauffmann