Parmi les centaines de signes qu’utilisait l’écriture hiéroglyphique des anciens égyptiens, il en est quelques-uns que nous connaissons tous, sans les avoir étudiés. Demandez autour de vous ! Quels hiéroglyphes connaissez-vous? Il y a fort à parier que trois d’entre eux viendront en tête:
L’oeil, c’est un symbole protecteur, celui qui veille. Il décore encore la proue de bien des navires en méditerranée, cet usage s’étant transmis via les Phéniciens et les Grecs. Le rôle du scarabée est moins présent, sinon pour la « bête à bon dieu » qui porte bonheur.
Ces deux symboles figurent parmi les amulettes les plus courantes trouvées sur les momies égyptiennes… Et, ce qui ne trompe pas, ce sont ceux que proposent les marchands de souvenirs aux touristes.
Ankh, la vie
Si l’Ankh est plus rarement utilisé en amulette dans l’Egypte antique, il est omniprésent sur les parois des tombes, car ce signe représente les mots « vie », « vivre ». Aujourd’hui, nous pensons que les Egyptiens accordaient une importance considérable à la mort, ce dont témoignent les pyramides, la richesse des tombes, la complexité des rites et de la momification. Ce n’est pas tout à fait ainsi qu’aurait parlé un Egyptien de l’Antiquité. Sa principale préoccupation n’était pas sa mort en tant que telle, mais la continuité de sa vie au delà de ce passage inéluctable. Ainsi, la vie, un instant suspendue, reprenait sous une autre forme.
C’est bien ce qu’illustrent les fresques: la divinité représentée ne recueille pas le dernier souffle du défunt, elle lui insuffle celui de sa nouvelle vie.
Dans ce contexte, on ne peut pas non plus parler de résurrection, puisque la vie perdure à travers la mort. Et quand bien même, ce serait plutôt notre scarabée Khéper qui aurait le sens d’une résurrection.
La notion d’âme, en Egypte, n’a pas non plus le sens que nous lui attribuons. Le nom joue un rôle aussi important dans l’immortalité que la « composante divine » de l’homme (qui serait plutôt représentée par l’oiseau Ba): un nom effacé, ou un corps détruit, c’est l’immortalité perdue !
Ankh, un hiéroglyphe ordinaire?
Presque, car le symbole ou le son exprimé par nombre de hiéroglyphes est parfaitement clair. Beaucoup représentent des parties du corps, des animaux immédiatement identifiables, des objets de la vie courante. Mais que représente Ankh ?
Alan Henderson Gardiner (1879-1963), auteur du catalogue des hiéroglyphes qui fait référence aujourd’hui, le classe dans la catégorie S (couronnes, vêtements, sceptres) sous le numéro 34. Il avait imaginé qu’il représentait une courroie de sandale (vivre, n’est-ce pas bouger?).
Mais certains y ont vu aussi l’image d’un miroir à main, la vertèbre d’un taureau, un symbole phallique, la réunion de symboles masculin/féminin, donc un symbole de fertilité… Bref, il fait partie de ces signes qui laissent place à l’imagination.
Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’une croix, au sens actuel, bien qu’on le nomme souvent « croix égyptienne ».
Qui donc a sauvé l’Ankh de l’oubli?
Tout d’abord, les chrétiens d’Egypte (les Coptes) y virent une sorte de croix, ce qui légitimait en quelque sorte le symbole de la croix chrétienne comme une représentation universelle du triomphe de la vie sur la mort. Les Coptes ont alors adopté ce symbole, mais celui-ci sera plus ou moins oublié au cours des siècles suivants.
C’est assez récemment, avec la redécouverte des merveilles de l’Egypte et la fascination des mystères antiques, que ce signe réapparaît, avec toutes les valeurs qu’on lui attribue aujourd’hui.
Ainsi, les touristes qui se rendent en Egypte le connaissent déjà, et le reconnaissent partout. Et puis, ne figure-t-il pas au coeur du nom de ce petit pharaon que la découverte de sa tombe a tiré de l’oubli, Tout-Ankh-Amon ?
Ils l’achètent et le portent en pendentif, arborant une référence culturelle, un symbole chrétien moins ostentatoire que la croix romaine, un attachement à la vie, un élément exotique… Ceci suffit peut-être à expliquer son succès par-delà les siècles…
Le « Ankh » dans Tout-Ankh-Amon
Parmi les cinq noms que recevaient les pharaons, le cartouche de Tout-Ankh-Amon le plus connu est celui de son titre de roi de haute et de basse Egypte, Neb-Kheperou-Re (la manifestation divine de Ra).
C’est dans son nom de « fils de Ra » qu’apparaît le Ankh :T-ou-t-ankh-Imen heqa-Iunu-shema, (image vivante d’Amon, régnant sur l’Héliopolis de Haute-Egypte).
Euh… oui, les hiéroglyphes ne se lisent pas toujours exactement dans l’ordre d’écriture…
Merci , à noter que le mot vie en copte se prononce ‘onkh » , il dérive bien du mot hiéroglyphique auquel il est correspond.