Evidemment, posée ainsi, la question prête à sourire et quand bien même elle aurait une réponse, les Anciens s’en seraient bien moqués. Quelle importance?
Hermaphrodite, nous dit Ovide dans « Les Métamorphoses », était fils d’Hermès et d’Aphrodite. La nymphe Salmacis, qui en tomba amoureuse, s’unit à lui si intensément qu’ils ne firent plus qu’un: un être à la fois homme et femme…
Ceci dit, un être de ce genre était considéré dans l’Antiquité comme un monstre, dont l’apparition était une punition divine, et son sort n’avait donc rien d’enviable.
A Rome, la législation autorisait à supprimer les nouveau-nés atteints de difformités (restait à savoir quelle « difformité » était acceptable ou non, ce qui donna lieu à bien des débats). Cicéron déclare même qu’une telle pratique était un devoir. Sénèque préconise d’éliminer les hermaphrodites par noyade: il était donc vraiment inadmissible d’être physiquement à la fois homme et femme.
Car ceci ne concerne que la conformation physique: le comportement bisexuel, lui, ne choquait ni les Grecs, ni les Romains.
On sait peu de chose sur la manière dont ils jugeaient le comportement des femmes dans ce domaine, mais chez les uns comme chez les autres, il existait des limites: un homme adulte ne devait pas se comporter « comme une femme » (en considérant que l’homme était « actif » et la femme « passive »).
Ici interviennent de subtiles distinctions:
A Athènes, un adolescent était assimilé aux femmes, et pouvait donc se « soumettre » à un adulte, ce qui était même plutôt bien vu, comme s’il s’agissait d’une relation privilégiée entre l’élève et le maître. En revanche, devenu adulte, il devait « se comporter en homme ».
A Rome, cette notion était essentielle, car il n’est pas question qu’un citoyen romain se laisse « dominer », quel que soit son âge. De plus, une fois marié, le Romain était supposé renoncer aux jeunes gens. Cependant, il exista toujours des prostitués masculins, et un esclave étant soumis par nature, on se doute que…
Bref, autant les moeurs de l’Antiquité peuvent aujourd’hui sembler particulières, autant elles n’étaient pas totalement dépourvues de principes…