Voyons voyons… On sait qu’aux jeux olympiques de l’Antiquité, les femmes n’étaient pas admises sur les stades. On sait (un peu moins) que Pierre de Coubertin, le fondateur des jeux olympiques modernes, était tout à fait opposé à la présence de femmes aux premiers jeux olympiques modernes, à Athènes en 1896, et ne s’en cachait point. Selon lui, les jeux célèbrent « l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec […] l’applaudissement féminin pour récompense » (1912).
Charlotte Cooper
En 1900 cependant, les seconds jeux s’inscrivent dans le cadre de l’exposition universelle de Paris, qui organise aussi des épreuves féminines de golf et de tennis. Des femmes sont ainsi présentes sans l’être, mais, bon gré mal gré, le comité olympique accepte de prendre en compte leurs résultats. C’est ainsi que Charlotte Cooper, joueuse de tennis britannique, remporte le simple dames le 11 juillet 1900 et devient de fait la première femme à recevoir une médaille d’or dans une épreuve individuelle.
Année après année, les femmes seront admises d’autres épreuves. Très, très progressivement: il faut attendre 2015 pour que le CIO inscrive dans sa charte qu’il « s’engage pour l’égalité des sexes dans le sport tant au niveau de la participation féminine aux Jeux que dans les structures dirigeantes« .
Et pourtant, Charlotte Cooper n’est pas la première à être couronnée. Car, même s’il est vrai que les femmes n’avaient pas le droit de mettre les pieds dans le stade d’Olympie, il restait une petite possibilité.
Cynisca
Certes, le sport n’était pas l’occupation favorite des jeunes filles grecques mais, à Sparte, cité toute tendue vers la discipline et l’excellence physique, elles n’en étaient aucunement exclues. Et vers 440 av. J.C., c’est là que naquit Cynisca, fille du roi de Sparte Archidamos II et sœur du roi Agésilas II.
Ambitieuse, fortunée, excellente cavalière, elle entretient une écurie et entraîne ses chevaux, ainsi qu’une équipe (masculine bien sûr) qui participe et s’impose aux courses de quadriges (chars à quatre chevaux) en 396, puis à nouveau en 392 av. J.-C.
Et c’est ainsi que Cynisca fut couronnée… peut-être sans même avoir pu assister à ses propres victoires.
Ceci n’a pas empêché ses mérites d’être reconnus et, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, elle fit réaliser sa statue en bronze par Apelléas de Mégare et en rédigea elle-même la dédicace. Cette statue fut érigée dans le temple de Zeus. A Sparte aussi, un monument honora sa performance.
Vingt-quatre ans après, une autre femme de Sparte, Euryléonis, participa aux Jeux Olympiques et remporta la victoire à la course de biges (chars à deux chevaux).
D’autres suivirent.