Telesphore: un petit esprit guérisseur… et voyageur!

Voici un personnage aussi mystérieux que sympathique de la mythologie! Presque toujours représenté comme un nain ou un enfant entièrement enveloppé d’un grand manteau à capuchon, il se consacrait à la convalescence des malades et des blessés, auprès de son maître Esculape, ou Asclepios, dieu grec de la médecine.

On dit qu’il serait d’ailleurs son troisième fils, et parmi ses 6 sœurs se trouvent Hygie, déesse de la Santé, de la propreté et de l’hygiène (bien sûr), et Panacée, qui collectait les plantes médicinales guérisseuses.

Telesphore (Telesphoros en grec, « celui qui apporte l’achèvement« ) est l’assistant sacré d’Asclepios, et participe au traitement des patients en leur apporte le rétablissement et la cicatrisation des blessures et des plaies.

D’où vient-il? Une énigme de plus, car il est vraisemblablement d’origine celtique. Il aurait accompagné la migration des Galates (ces peuples dits plus tard « gallo-grecs ») vers l’Asie Mineure, au 3ème siècle av. J.‑C.

On a ainsi trouvé nombre de ses représentations dans les régions danubiennes, en Thrace et en Anatolie. Son vêtement d’ailleurs est proche de celui des voyageurs celtes.

Il se serait ensuite trouvé associé à Asclépios à Pergame (un lieu de vénération d’Asclépios), au 1er siècle de notre ère, puis aurait été adopté à Epidaure, autre grand sanctuaire consacré à la guérison. De là, sa renommée se serait ensuite propagée vers l’ouest, jusqu’à toucher l’empire romain, et revenir ainsi sur ses terres d’origine.

Il était particulièrement en vogue au second siècle de notre ère, à partir du règne d’Hadrien (à cette époque, le 8ème pape s’appelle d’ailleuirs Telesphore). On retrouve son effigie sur des statuettes, mais aussi sur quantités de monnaies de l’Empire, soit seul, soit accompagnant modestement son maître Esculape.

Monnaie, Telesphore
Caracalla, Moesie inférieure, Nicopolis, vers 198-217)
Monnaie, Telesphore
Commode, la triade de Pergame: Esculape, Telesphore et Hygée (vers 180-192)

Sans doute faut-il le rapprocher des Genii cucullati des Romains (au singulier genius cucullatus, nommés d’après leur manteau à capuchon, le cucullus, devenu plus tard en français la coule, le vêtement des moines).

Car ces petits esprits sont eux aussi d’origine celte, et sont apparus en Bretagne (notre Grande-Bretagne). Et eux aussi se sont propagés dans les régions danubiennes.

genii cucullati,
Trois genii cucullati, bas-relief, Homesteads, Angleterre, mur d’Hadrien (1er siècle). Trois images de l’esprit auxquelles on associe la guérison, la vie dans l’eau-delà et la fertilité, avec parfois, sur des statuettes romaines, une connotation clairement phallique.

Leur fonction est mal connue, mais ils semblent avoir également un rôle protecteur, avec quelques différences cependant: ces « esprits encapuchonnés » sont très souvent représentés par trois, en bas-relief, et peut-être leur capuchon est-il un symbole d’invisibilité. Que de mystères restent à élucider!

En attendant, Télésphore reste bel et bien un prénom, fêté le 2 janvier et porté par… bien peu de personnes, il est vrai !

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