L’innovation à l’envers

On le sait, les Grecs de l’Antiquité ont donné un fabuleux élan à toutes les disciplines des arts, de la philosophie, des sciences. Dans le seul domaine de la technologie, on reste stupéfait de leurs découvertes:

pompe à incendie antique

Cette pompe à incendie antique ressemble à s’y méprendre à celles du 19e siècle

la turbine à vapeur d’Héron d’Alexandrie, la mesure précise de la circonférence de la Terre, le vol du premier objet autopropulsé (l’oiseau de bois d’Archytas de Tarente), les pompes hydrauliques, les horloges, les automates, etc.

Connaissant nos technologies actuelles, on s’émerveillera de constater que la plupart des composants de nos systèmes mécaniques d’aujourd’hui (vis, écrous, engrenages, chaînes de transmission, soupapes et cylindres hydrauliques, mécanismes articulés) existaient déjà il y a deux mille ans.

Prenons maintenant le problème à l’envers.

  • odometre antique

    Cet odomètre indique, grâce à une boîte d’engrenages, le chemin parcouru.

    Comme les Grecs et les Romains connaissaient l’odomètre (un dispositif à plusieurs étages de roues dentées mesurant la longueur de trajets en pieds et en milles) et des mécanismes aussi incroyablement complexes que la machine d’Anticythère, pourquoi n’ont-ils pas inventé la machine à calculer?

  • Comme ils connaissaient des mécanismes sur roues qui se déplaçaient d’eux-mêmes (les trépieds d’Héphaïstos), la turbine à vapeur (l’éolipyle de Héron d’Alexandrie), les réducteurs, les cylindres hydrauliques, pourquoi n’avaient-ils pas d’automobiles à vapeur? Comme ils utilisaient aussi des roues à aubes, le bateau à vapeur était plus encore à portée de main…
L'Eolipyle de Héron

L’éolipyle, première turbine à vapeur.

Il manquait peut-être un élément à leur démarche d’innovation.
Des trains d’engrenages ne s’assemblent pas tout seuls pour donner une machine à calculer.

Pour inventer, il faut déjà savoir à quel résultat on veut aboutir, puis reconnaître les composants technologiques disponibles ou, si nécessaire, les créer. Il faut se rendre à l’évidence: les Grecs et les Romains n’avaient simplement pas pensé à la machine à calculer ni au bateau à roues.

Revenons donc à notre époque. Messieurs les ingénieurs, n’y a-t-il pas, aujourd’hui encore, des merveilles à inventer en n’utilisant que des composants qui existent déjà? Ne passons-nous pas, faute d’imagination, à côté d’inventions géniales qui changeraient notre vie?

A vous de nous le dire!

(images ©K.Kotsanas)

A propos de la machine à calculer…

En 1642, Blaise Pascal, voulant simplifier le travail de son père, invente la Pascaline.

Les roues de cette machine portent les chiffres de 0 à 9. Elles indiquent, de droite à gauche, les unités, les dizaines, etc. Quand la roue des unités a fait un tour complet, celle des dizaines avance d’un cran.

Le même principe existait sur l’odomètre (ci-dessus), et rien n’aurait empêché que des roues représentent les colonnes de l’abaque grec.

Sur cet abaque grec, les « calculs » indiquent le nombre 3749

Certes, ceux-ci n’utilisaient pas un système strictement décimal, mais il suffisait d’employer des pignons possédant des dentures différentes.

Ceux qui équipent la machine d’Anticythère étaient autrement compliqués!

Pendant 17 siècles, 65 générations de comptables auraient eu la vie plus facile !

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