Durant toute l’Antiquité, la notion d’épidémie reste très floue. Ignorant les micro-organismes, on les attribue à des perturbations de l’environnement, à des miasmes, à des punitions divines qui frappent aveuglément les hommes de toutes conditions ou des malédictions magiques, du genre « les dix commandements ».
Dans Oedipe Roi, Sophocle (vers 495-406 av. J.-C.) évoque Thèbes ravagée par une maladie attribuée à la colère des dieux. Thucydide, dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, relate la peste d’Athènes qui frappa la Grèce de 430 à 426 av. J.-C. tuant des dizaines de milliers d’habitants, dont Périclès.
Mais un diagnostic précis est rarement possible et il vaut mieux prendre le mot « peste » dans son sens de « fléau ». Il peut tout aussi bien s’agir de typhus, de fièvre typhoïde, de brucellose, etc.
La peste que nous connaissons aurait frappé au IIIe siècle av. J.-C. les rives orientales et méridionales de la Méditerranée, et à nouveau l’Egypte et son voisinage en 127 av. J.-C.
A Rome
Dès la période républicaine, on évoque des épidémies dramatiques, dont les victimes étaient jetées dans le Tibre ou dans les fossés entourant la cité. Dans une ville grandissante, avec des quartiers populaires surpeuplés, on ne peut s’étonner que des maladies diverses se propagent périodiquement.
Au IIe siècle de notre ère, la population atteignait 750 000, et peut-être un million d’habitants.
L’épisode le plus connu est celui de la « peste antonine » qui frappa Rome entre 165 et 190, durant les règnes de Marc-Aurèle et de Commode. Dion Cassius, un historien grec, parle de 2 000 victimes par jour, mais ce chiffre est peut-être exagéré, et résulte aussi de famines et des attaques des Germains qui marquent cette époque. Certains auteurs, cependant, estiment que les épidémies auraient joué un rôle majeur dans le déclin de l’empire.
On dit que la peste se manifesta pendant l’attaque des Parthes par Lucius Verus en 166, que l’armée romaine dut alors se retirer malgré sa victoire en Séleucie, et rapporta à Rome la maladie qui se diffusa dans tout l’Empire.
Après une période de pause, l’épidémie se ranime sous le règne de Commode, laissant l’Empire affaibli, mais aussi désemparé. Il faut considérer que la plupart des Romains n’avaient qu’une vision locale de ces épidémies qui semblaient venir de nulle part. Ils ne pouvaient généralement ni s’attendre à leur arrivée, ni connaître leur expansion.
Au IIIe siècle de notre ère, entre 250 et 271, l’Empire subit une nouvelle épidémie majeure, la « peste de Cyprien » (du nom de l’évêque de Carthage qui la décrivit), à laquelle succombent les empereurs Hostilien et Claude II le Gothique. En fait, il s’agirait vraisemblablement d’une épidémie de variole. On se débarrasse des cadavres précipitamment, dans des fours à chaux bâtis à la va-vite, ou sur des bûchers…
Une inscription romaine découverte en Lydie (en Turquie actuelle), évoque une épidémie d’oreillons en 173-174 ap. J.-C. « Faisons un voeu pour la guérison des oreillons (parotidon) de Threptos! ». Bien avant cela, Hippocrate (Epidémies I et III) avait notamment évoqué une telle épidémie à Thasos vers 410 av. J.-C.
La peste bubonique, qui terrorisera le monde pendant des siècles n’apparaît en Europe qu’au VIe siècle de notre ère (peste de Justinien), venant d’Egypte, via le Proche-Orient.
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Message de J.-P. B…
Merci pour ce rappel qui met les événements à bonne distance. Outre la peste de l’Iliade, je rappelle à mes amis celle d’Athènes qui coûta la vie à Périclès et nous valut le fameux texte de Thucydide qui lui survécut :
http://remacle.org/bloodwolf/textes/thucypeste.htm