A l’heure où le débat fait rage en France sur la suppression annoncée des « Langues et Cultures de l’Antiquité » au collège, j’ai questionné quelques libraires sur la manière dont cette culture se porte en Grèce.
Ma foi, fort bien: tous les élèves âgés de 7 à 9 ans apprennent la mythologie et les légendes grecques à l’école, sachant que la plupart connaissent déjà ces histoires que leur racontent leurs parents – et plus encore leurs grands-parents – sur la base d’abondantes éditions pour la jeunesse (ci-contre: Jason et les Argonautes, la Guerre de Troie…)
Bien sûr, les enfants d’aujourd’hui n’ignorent ni Walt Disney, ni les super-héros à la mode, mais la légende reste vivante, et bien vivante. La culture grecque, m’a-t-on dit, repose ainsi sur trois pieds: la tradition, l’enseignement, et la curiosité naturelle des enfants devant ces belles histoires.
Notons que la connaissance de l’art antique se nourrit aux mêmes sources, et même les « souvenirs » que l’on vend aux touristes n’y échappent pas.
La majorité des objets sont des reproductions des oeuvres et objets usuels de l’Antiquité, qui sont à la fois nombreux, typiques et d’une esthétique attrayante, une chance que n’ont pas tous les pays du monde. Très souvent, le vendeur se fera un plaisir d’ajouter à l’objet un petit cours sur son historique (nom d’une poterie selon sa forme, figures rouges et figures noires, types athéniens et corinthiens, personnages représentés en buste, sculpture classique et cycladique, etc)… Enseignons, enseignons !
Euh : qu’en est-il en France pour nos propres racines? Où en sont nos traditions, notre enseignement, nos curiosités?
Petite remarque finale: à propos de voyages, les jeunes qui visitent les pays étrangers risquent d’être quelque peu perdus quand on y évoquera avec admiration le « siècle des lumières » français, les noms de Voltaire et des encyclopédistes disparaissant du programme obligatoire des collèges alors qu’il rayonne encore sur l’enseignement de tant de pays étrangers…
René Kauffmann