L’article d’aujourd’hui le montre bien: l’héritage que nous a laissé la pensée gréco-romaine n’est pas « du même tonneau » (justement) que celui des Gaulois.
Et pourtant, même si le progrès technique a le mérite de profiter à tous, il n’est que l’œuvre de quelques-uns. C’est en cela que l’invention de la démocratie est extraordinaire.
En effet, son originalité n’est pas tant l’élection des magistrats à la majorité, dans un bel élan collectif. Ce n’est pas même l’importance que cela donne à l’éducation de l’électeur, qui doit – ou devrait ? – être en mesure d’exercer son choix judicieusement (une éducation qui, comme le vote, était cependant essentiellement réservée aux citoyens, et aux hommes).
C’est le fait que chacun des citoyens, individuellement, accepte le verdict des urnes à l’issue du vote, et soit capable de renoncer à ses aspirations personnelles si la majorité en décide autrement.
Car les Grecs l’avaient compris : à quoi servirait que la majorité – quelle qu’elle soit – conduise la charrette, si une minorité en serre les freins ?
Bref: quoi de mieux qu’une invention qui profite à tous lorsque tous y contribuent intelligemment ? Euh… on peut rêver, non ?
René Kauffmann