Chaque semaine donne lieu à de nouvelles découvertes archéologiques. Dès que les agences de presse sont informées, la presse écrite se fait l’écho des découvertes sur les réseaux sociaux, chacun ayant à coeur d’être le premier à annoncer LE scoop qui deviendra « viral ». Même s’ils préféreraient souvent différer un peu la diffusion de l’information, les services archéologiques suivent, bon gré mal gré.
Des milliers d’amateurs répercutent alors l’information qui se propage d’autant plus vite qu’elle est spectaculaire. Une étude récente du MIT, publiée dans la revue Science, a d’ailleurs montré que le sensationnel l’emporte sur la vérité, et que les fausses informations, dont les auteurs visent évidemment le « buzz », se diffusent bien plus vite que les vraies.
Cette course au scoop a plusieurs conséquences.
D’une part, lorsque les études « sérieuses » sont publiées, elles ont un goût de déjà vu, puisque l’essentiel a déjà été divulgué par une foule de messages successifs, complémentaires ou parfois contradictoires, teintés d’hypothèses insolites souvent fantaisistes et vite démenties.
D’autre part, les messages se rediffusent tels quels, avec les mêmes phrases et les mêmes images (sans atteinte au droit d’auteur). Personne ne se soucie de trouver des données plus originales, la vitesse prime. Mais ceux qui voudraient réutiliser ces données autrement devront en acquérir les droits, parfois à prix d’or puisque peu d’images différentes sont accessibles.
Enfin, ces nouvelles brèves (« posts »), sont éminemment volatiles: seul compte l’effet immédiat, et nul ne se soucie de les conserver, de les organiser afin qu’on puisse les retrouver plus tard.
Bien sûr, s’il s’agit de travaux archéologiques, vous pouvez attendre la publication du rapport officiel, mais si vous recherchez des images éphémères, comme des photographies postées par des particuliers sur les « groupes d’intérêt » Facebook, la tâche est pratiquement impossible. Il ne vous reste qu’à utiliser votre moteur de recherche favori, qui vous orientera en priorité vers des sites d’images payants.
Quel gâchis! Qui constituera une banque d’images à partir des photographies diffusées? Quels auteurs accepteront qu’elles soient diffusées gratuitement? Y a-t-il des volontaires dans la salle?