Collectionner les objets antiques est une activité passionnante. On apprend un tas de choses sur les objets eux-mêmes, sur leur histoire, sur leur fabrication, leur conservation… Et aussi sur les bonnes habitudes à prendre pour ne pas acquérir n’importe quoi à n’importe quel prix.
Les objets ainsi acquis prennent-ils de la valeur avec le temps? Les prix fluctuent selon les époques et les modes, et il suffit du passage d’une grande exposition ou d’une découverte majeure, pour que les cotes montent.
On subira aussi les effets d’un changement géopolitique qui nuira à l’attractivité des croisières sur le Nil par exemple, et les changements des programmes scolaires qui feront l’impasse sur certains aspects de telle ancienne civilisation, suscitant moins d’écho dans la culture de chacun.
La réglementation sur la circulation des objets antiques et bien sûr la fiscalité spécifique des collections joue aussi un rôle important (voir page 2).
Comment vendre sa collection ?
Faut-il vendre par ses propres moyens, à un professionnel (qui se gardera une grosse marge commerciale), à un autre collectionneur, ou passer par une société de vente aux enchères (SVV) ? Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients.
La vente par une SVV
Elle est souvent choisie par des personnes peu expertes, ayant par exemple hérité d’une collection, et souhaitant s’en défaire « en bloc » sans trop se poser de questions.
La SVV se charge de tout, expertise, garantie, publicité qui assure une audience internationale, encaissement etc. mais au total, compte tenu des taxes et frais divers, le vendeur ne touchera qu’entre 50 et 70% de la somme payée par l’acquéreur… et dans un délai qui peut paraître plutôt long.
Comme la SVV s’attache les services d’un expert, ceci inspire confiance à l’acheteur qui hésitera moins à acquérir un objet de grande valeur.
En revanche, chaque objet ne sera généralement que très brièvement décrit dans le catalogue de la vente, et peu importe qu’il ait une histoire particulière et que vous ayez fait des recherches approfondies : l’acquéreur n’en saura rien. Cela est bien dommage, car acheter un objet en connaissant son histoire peut lui conférer un charme particulier.
La vente à un professionnel
Vendre ses objets à un antiquaire professionnel n’est pas sans intérêt. D’abord, la rencontre est toujours passionnante, et vous apprendrez encore beaucoup ! Bien sûr, le professionnel se gardera une marge confortable (pas plus cependant que la SVV), mais c’est finalement lui qui prend tous les risques, qui doit trouver un client et lui garantir l’authenticité de l’objet, même si vos connaissances, en tant que collectionneur amateur, ne vous permettraient pas de le faire.
La vente directe à un collectionneur
La vente « de particulier à particulier » est bien entendu, financièrement parlant, la solution la plus intéressante pour le vendeur comme pour l’acquéreur. Elle est aujourd’hui grandement facilitée par les réseaux informatiques, et vous permet de nouer des contacts tout à fait intéressants, parfois même de lier des amitiés !
En revanche, vous devez gagner la confiance de l’acheteur, par votre présentation de l’objet, par les documents dont vous disposez, par la réputation que vous avez acquise sur les réseaux. De ce fait, il est évidemment plus facile de vendre ainsi des objets de faible valeur unitaire (quelques dizaines à quelques centaines d’euros).
C’est vous qui fixez votre prix, sachant qu’il faut être raisonnable pour assurer la vente. Les réseaux informatiques vous factureront leur commission sur la vente et parfois sur le moyen de paiement, mais ces frais restent acceptables (autour de 10% au total pour une vente Ebay avec paiement par Paypal). C’est aussi à vous d’assurer un emballage irréprochable, si vous envoyez les objets par courrier.
Gagnant, perdant ?
Il n’empêche, il peut toujours vous arriver d’acquérir à bas prix un objet que vous revendrez bien plus cher. Ou inversement, en particulier si par malheur l’objet se révèle ne pas être authentique. Cela fait partie du jeu.
Tout bien considéré, disons qu’une collection d’objets antiques vaudra toujours quelque chose dans l’avenir même si, globalement, on ne peut pas en attendre des miracles. Vous gagnerez moins que les professionnels du marché qui, eux, disposent nécessairement des compétences les plus pointues et connaissent souvent leur acheteur potentiel, mais vous perdrez moins qu’au jeu ou en vous offrant une voiture de sport.
Bon, dans un cas comme dans l’autre, ce n’est sans doute pas l’appât du gain qui vous motivera au premier chef, et c’est tant mieux!
Règles et fiscalité des collections
Au cours des dernières décennies, la plupart des pays ont mis en place des mesures pour empêcher le trafic illicite d’objets archéologiques. Aussi est-il déconseillé d’acquérir un objet non accompagné d’un document certifiant sa provenance (à qui il appartenait auparavant, en quel lieu) et d’une facture datée. Si vous l’achetez ou le vendez à l’étranger, un « passeport » (autorisation d’exporter) est parfois nécessaire.
Il faut aussi considérer la fiscalité concernant des objets qu’il faudra bien revendre un jour. Pour un amateur de « petites » choses, la situation est simple: si le prix de vente est inférieur à 5000€, il n’a aucun impôt à payer, et ce seuil se calcule objet par objet (et non pour le total de la cession d’une collection). Sauf si le fisc considère que plusieurs objets sont indissociables les uns des autres: pour ceux qui voudraient vendre une oeuvre en pièces détachées, c’est raté!
Si votre objet vaut plus de 5000€, vous aurez des avantages et des inconvénients. Les objets de collection échappent à l’ISF, mais leur vente est imposable. Deux options sont alors possibles:
- Soit le vendeur s’acquitte d’une taxe forfaitaire sur le prix de vente (6,5% depuis 2014).
- Soit il préfère être imposé sur la plus-value réalisée. Là aussi, on compte objet par objet, mais une perte sur un objet ne se déduit pas du gain réalisé sur un autre! Eh oui, pour le fisc, c’est « pile je gagne, face tu perds »!
En ce cas, le vendeur doit évidemment justifier du prix et de la date d’achat. Depuis 2014, la fiscalité s’est durcie, et l’impôt total dû est de 36,2% sur la plus-value, avec une décote de 5% par an au-delà de 2 années de possession. Ceci entraîne qu’un objet que l’on détient depuis plus de 22 ans est totalement exonéré. En conséquence, le collectionneur envisage souvent une donation à ses héritiers, puisqu’une donation qui remonte à plus de 22 ans sera de ce fait également exonérée au moment de la succession.
Enfin, les personnes qui font don d’objets de valeur à un musée notamment, peuvent prétendre à certains avantages.